Avec octobre qui se pointera prochainement le bout du nez, la nostalgie du Pacifique me prend. J’ai eu la chance d’y passer quelques semaines il y a trois années, d’abord seule puis avec un groupe de volontaires. Nous ratissions une plage mexicaine la nuit à la recherche de tortues en train de pondre ou encore de nids tout juste réalisés. Une fois ces nids dénichés, tout un art car il faut trouver les traces du passage de la tortue à même le sable tard dans la nuit, on devait creuser pour recueillir les oeufs, les transporter et les enfouir dans le sable d’un vivier protégé.
Cette expérience m’a profondément marquée.
D’abord, parce que longer trois kilomètres de plage longuement la nuit en marchant en silence et en faisant plusieurs allers-retours est une expérience bien particulière. La répéter pendant plusieurs nuits, trois semaines, rend le tout vraiment unique et fabuleux. Au bruit discret des pas qui s’enfoncent dans le sable s’ajoute le bruissement du déferlement des vagues et de la mer qui ronronne. C’est magnifique. Ajoutez-y la pleine lune, incroyable. Malgré la fatigue de cette balade de nuit et les rencontres avec des contrebandiers, cette démarche était absolument solennelle et se faisait dans un grand respect. (Avec la situation qui ne cesse de sévir au Mexique, que je suis avec avidité et grande tristesse, cette expérience serait actuellement de l’ordre de l’impossible. Déjà, après avoir quitté l’endroit, quelques mois plus tard notre vivier et les installations du site furent brûlés. Aujourd’hui, bien qu’à l’époque les contrebandiers aient été bien avisé de ne pas nous touchés par l’armée mexicaine qui venait parfois « assurer » notre sécurité, une telle situation serait absolument des plus risqués. J’ai encore un ami mexicain qui assure néanmoins l’organisation de groupes pour la préservation des espèces lors de la saison de nidation. Des mexicains solidaires qui tentent de contribuer à la conservation des tortues marines le long des côtes du Guerrero.)
Je me souviendrai toute ma vie lorsque j’ai attrapé ce premier oeuf tout chaud à l’intérieur de la paume de ma main. Venant tout juste d’être pondu, il était encore tout mou. C’est une sensation bien particulière et unique que de prendre cet oeuf gros comme une balle de ping pong et d’y sentir, à cause de l’enveloppe molle, toute la vulnérabilité du petit être à venir.
Le pacifique me manque. Vraiment. Et pour une grande amoureuse de mers, ça actuellement quelque chose de viscéral… Je compte bien le revoir bien promptement.
Note : Depuis cette expérience, Roukie a aussi eu l’occasion de s’abreuver de l’air salin de la côte pacifique mexicaine. J’en parle un brin sur le site de Mères et Cie.
Mise à jour : Par « assurer » notre sécurité, j’entends quelques petites tournées sur la plage déserte pour nous zieuter de trop près lorsqu’en bikini durant la journée …
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